jeudi 8 juillet 2010

A l'assaut de la Marmotte ...





C’est un programme pas triste qui m’attendait ce premier week-end de juillet !



Tout parait toujours facile lorsque l’on planifie calmement son programme d’épreuves, calmeemnt installé devant son PC, 12 mois plus tôt … et puis arrive le moment de passer à l’action ! Et débuter la partie « vélo » du défi des XII en enchaînant la célèbre « Marmotte » le samedi avec la répétition de la grimpée de l’Alpe d’Huez le dimanche, avec quelques heures de récup’ seulement, c’était pas de la tarte !



Samedi, 4h45 du mat’,(un quart d’heure plus tard j’aurais eu des frissons et j’aurais dû monter le son … allusion pour ceux « qui suivent » et qui ont plus de … euh …. 35 ans, c’est bon j’arrête) la sonnerie du réveil lance une journée de folie. Pas facile de manger à cette heure-là (et le petit nœud de stress situé dans la gorge n’arrange rien) mais il le faut. Donc je pousse les aliments dans la bouche et je me force à les avaler. Avec la répétition des épreuves cette année, je commence à avoir l’habitude de ce « dernier repas du condamné à mort » …



Déplacement vers Bourg d’Oisans en voiture. Je devine que ce sera le chaos total dans le patelin de départ, je décide donc de me garer à 3 ou 4 km de là et de terminer le voyage en m’échauffant à vélo. Je m’efforce de « mouliner » sans effort, ça a l’air d’aller. Apparemment les efforts des derniers jours ne pèsent pas trop sur les cuisses.



Le départ des dossards 0001 à 2000 est prévu à 7:00. Comme il y a plus de 7000 participants (!), je suis très content de m’être débrouillé pour me procurer le 1603 ! J’arrive dans ce « premier box » bien à l’heure et je regarde autour de moi : C’est clair, je suis entouré d’une horde de bikers fous furieux assoiffés de bitume ! Du genre affutés à 60 ou 70kg (au grand max !), des jambes ne présentent pas le moindre poil suspect et les muscles sont secs aux veines saillantes, … Ca promet ! Sans même parler de leurs bécanes high tech que je préfère ne pas comparer avec mon vieux Cannondale du siècle dernier… Je décide donc sagement de me faire très discret jusqu’au départ ;-)



C’est parti. Pour rejoindre Allemond au pied du col du Glandon, première difficulté de la journée, une petite dizaine de kilomètres « plats » nous sont proposés en ce début du parcours. (Et ils seront rares !) J’ai prévu de les rouler « à l’aise » pour me mettre doucement en jambes. Mais ce n’est pas ce qu’a décidé la déferlante batave (un bon 60 à 70 % des participants sont hollandais) … pas le moindre petit groupe ou peloton qui ne roule à moins de 40 à l‘heure. Je me force à ne pas les suivre … ce qui n’est pas simple. Mais je suis persuadé que c’est la bonne décision.



Les premières pentes près d’un lac sont presque accueillies avec soulagement … enfin plus de pelotons mais des cyclistes individuels confrontés avec la montagne. Je trouve progressivement le bon rythme et les bons développements. On est parti pour 17 km de grimpette avant de rejoindre le sommet, et il faut surtout ne pas se brûler dans cette première ascension ! On aborde plusieurs zones à plus de 10% et je suis ravi de les gravir sans problèmes, je « cale » même ma fréquence cardiaque max aux alentours de 145 pour être exagérément sage. Je suis aussi ravi de constater que je suis tout à fait « dans le coup » par rapport aux cyclistes qui m’entourent, j’en vois d’ailleurs qui souffrent déjà exagérément … connaissent-il la suite du programme ?



Une fois arrivé au lac de Grand-Maison, le pourcentage de la pente se stabilise à 7 ou 8% … cela me permet d’atteindre aisément le sommet et même de profiter de ce paysage extraordinaire. Le vélo en montagne c’est vraiment magnifique. Je franchis donc ce premier col dans les meilleures conditions, après un peu plus de 2 heures d’effort. Je profite quelques instants du « ravito » pour recharger bidons et batteries … avant de plonger dans la première descente !



L’organisation a décidé de « neutraliser » le chrono sur cette descente, pour tempérer les ardeurs des casse-cou. C’est vrai qu’elle est assez dangereuse, très sinueuse avec un revêtement parfois en mauvais état … mais c’est très difficile de descendre « au ralenti ». Je décide donc d’être prudent mais de ne pas utiliser exagérément les freins. Vitesse moyenne entre 60 et 70 à l’heure … quelques petits coups de freins lorsque je dépasse cette vitesse, et surtout j’aborde les virages « aveugles » bien à droite et prêt à ralentir ! J’aime beaucoup descendre, mais c’est malheureusement souvent la source de douleurs au niveau cervical …



Une fois arrivé à Sainte Marie de Cuines, c’est à nouveau quelques kilomètres de vallée qui nous attendent. Une grosse vingtaine de bornes pour rejoindre Saint Michel de Maurienne. Avec un petit groupe de hollandais, je fais l’effort pour rejoindre un gros peloton qui nous « entraînera » dans son sillage jusqu’au pied du Télégraphe. Au bout de 10km, ce peloton doit être composé de plus de 250 cyclistes ! Cela avance assez vite, c’est pratique … mais il faut être sacrément prudent au milieu de cette meute …



Voilà un virage à 90° sur la droite que je connais bien pour l’avoir reconnu quelques jours plus tôt : dans 100 mètres la route va s’élever pour attaquer le col du Télégraphe ! Pas très long de Télégraphe, 12 km environ, avec un pourcentage assez constant entre 7 et 9%. La transition « plat – col » est toujours assez délicate, mais je retrouve très vite un bon rythme, toujours bien « calé » à 145 de pulses, c'est-à-dire : facile ! ;-). J’avale donc assez aisément ce col mais je sais très bien que ce n’est qu’une mise en bouche avant le Galibier ! Je décide même de ne pas m’arrêter du tout au sommet et de directement enchaîner avec la (courte) descente vers Valloire. Il y a un ravitaillement à sa sortie, c'est-à-dire au pied du Galibier, et je préfère ne pas répéter les arrêts inutiles.



Je mange, je bois (mais je n’ai en fait pas arrêté de le faire depuis le départ) et j’attaque donc l’ascension suivante. 17 km pour atteindre le point le plus élevé du parcours, culminant à plus de 2600m d’altitude.



Il est grand temps de vous faire des révélations : Un long col comme le Galibier doit tout d’abord « se faire désirer » ! Surtout ne pas l’attaquer sans son consentement, le prendre à la hussarde, ni même agresser ses premiers lacets, sous peine de « râteau » immédiat. Un col, ça s’amadoue, ça se conquiert … Il faut le trouver attirant, le lui faire comprendre en souriant et en caressant délicatement ses courbes lacet après lacet, … mais un col de cette envergure, surtout, ça se mérite ! Il ne se donnera pas à vous dans la facilité … vos battements de cœur s’accélèrent, le souffle se fait plus court, la gorge s’assèche : tous ces signes physiques de la passion sont indispensables pour atteindre l’extase du sommet …



Cette ascension tient toutes ses promesses. La plaisir est au rendez-vous et l’effort nécessaire pour rejoindre le col reste tout à fait maîtrisé. Pas plus de 155 de pulses dans les zones les plus pentues, une position assise seulement interrompue tous les 3 ou 400 mètres pour une petite relance de quelques coups de pédale « en danseuse » … les doutes commencent à s’estomper et je commence à entrevoir la réussite de cette sixième épreuve !



A 2600m d’altitude, malgré la présence de neige, la température reste très agréable. Il fait juste suffisamment frais pour se « rafraîchir ».. Pour varier les plaisirs, j’ose même me servir de pain, de fromage et de saucisson au ravitaillement, ça change du goût sucré de toutes ces barres énergétiques ! J’enfile les manches et j’engage ma bécane sur l’autre versant du Galibier.
C’est parti pour près de 45 km de descente avant de rejoindre Bourg d’Oisans!



Tout d’abord les lacets serrés du Galibier sur 10 bornes. Avec quelques petites pointes très sages à 70-72 km/h. Il s’agit d’être prudent car la falaise toute proche est à pic … Ensuite passage par le col du Lautaret, et après quelques virages courts, viennent les longues lignes droites très rapides ! Je ne regarde pas trop le compteur pour ne pas me faire peur, et je pilote le vélo dans le trafic. Quel plaisir de dépasser voitures, camping cars, bus, … mais il faut rester très attentif. Les moments les plus délicats sont les traversées des nombreux tunnels particulièrement mal éclairés. Le contraste de l’obscurité avec la lumière aveuglante de la montagne est délicat à gérer. Juste avant de rentrer dans le tunnel, je fais glisser de 2 cm les lunettes de soleil sur le nez pour « y voir quelques chose » … en espérant surtout que les automobilistes qui viennent en face restent attentifs !



La vallée est vite rejointe à ce rythme -là, et ce n’est plus que 5 ou 6 km de plat qui nous séparent du pied de la dernière difficulté (mais quelle difficulté !) de la journée : la montée vers l’Alpe d’Huez ! Je remets donc enfin les jambes en mouvement, elles n’ont plus rien fait depuis le sommet du Galibier. Bien que fort fatiguées, elles tournent, et c’est déjà ça ! … je profite de l’occasion pour manger une dernière fois …



De plus de 2600m, nous voilà redescendu à une altitude de 800m … et la plus mauvaise surprise de la journée nous attend au pied de l’Alpe : Il fait mourant de chaud ! Il y a 35 degrés à l’ombre … mais je sais très bien que sur la route aux 21 virages, il n’y a PAS d’ombre !



De plus la pente des 3 premiers kilomètres est terrible, en permanence entre 10 et 13 % … l’ascension des 2 premiers virages est extrêmement douloureuse, j’ai l’impression que ma tête va exploser sous le casque tellement ça bouillonne. Me voilà très loin de l’histoire d’amour vécue avec le Galibier … les petits murets du bord de route fleurissent de participants « à la dérive », désespérément affalés avec les bras appuyés sur le cadre de leur machine … Je dois me faire violence pour ne pas les rejoindre …



Mon compteur kilométrique affiche parfois des chiffres très décourageants … à peine 7 km/h dans les portions les plus raides ! Heureusement quelques spectateurs se rendent compte de notre détresse et nous arrosent copieusement d’eau froide. La sensation est d’abord très désagréable, mais le refroidissement est salutaire … je ne comptais initialement pas m’arrêter au ravito à mi-ascension, mais j’ai la bonne idée de changer d’avis : je bois, je m’asperge longuement d’eau et je me fais même « tremper » de haut en bas par un militaire armé d’un tuyau d’arrosage !



La dernière partie est un peu plus « raisonnable » … de temps en temps la pente est un peu moins raide et j’essaye d’en profiter un maximum. On traverse Huez et l’Alpe est juste là-bas au dessus ! Je parcours les derniers kilomètres un peu « dans le brouillard » et je franchis la ligne d’arrivée après un peu plus de 10 heures d’effort … Le bonheur est inversement proportionnel à la quantité d’énergie qu’il me reste !



Cette 6ème épreuve a tenu toutes ses promesses !… et dire qu’à peine une quinzaine d’heures me sépare du travail suivant. Demain matin, je répète l’ascension de l’Alpe (13 petits kilomètres …) mais sous la forme d’un contre la montre cette fois.



La nuit est très mauvaise et le réveil difficile … mais à 8h30, malgré la fatigue, la température est heureusement beaucoup plus clémente que la veille. Je réunis toute l’énergie restante, mais mes pauvres jambes ne me permettront pas de faire mieux qu’1h25 environ pour atteindre le sommet.



Plus de 2 fois le chrono de Pantani ;-)
Mais me voilà à 7 …




Je sens qu’un peu de récup’ va être bien nécessaire maintenant !



Polo
VII/XII

vendredi 2 juillet 2010

Du vélo ... extrême !



Quelques heures avant le départ de la Marmotte, je vais essayer de passer ma nervosité en écrivant ces quelques petites lignes ...


Dimanche passé, le soir même du dernier défi plutôt ... "salé", je rejoignais Bedoin, au pied du mont Ventoux.(sans oublier de faire un petit détour de quelques centaines de kilomètres pour soutenir des potes confrontés à la chaleur étouffante de la promenade des Anglais pendant l'Ironman de Nice, allez Lucky, allez Irving ! félicitations les gars...)


Pas de retour vers Bruxelles, donc, car les échéances du week-end suivant (demain !) nécessitaient une préparation spécifique... et cela permettait aussi d'éviter un aller-retour Bruxelles - Sud de la France supplémentaire. (bien fatigant quand on roule seul !)


Et me voilà à la fin de cette semaine de forçat solitaire (pas toujours très drôle, mais il faut ce qu'il faut) ... Une première ascension du Ventoux lundi le lendemain du "Monte-Cristo", ascension sous une chaleur écrasante (j'y reviendrai dans quelques semaines pour une triple ascension le même jour ... ce sera du lourd !), puis déplacement vers les Alpes, avec un camp de base installé à La Grave (superbe ! dans le col du Lautaret, l'hôtel choisi de nombreuses fois par Armstrong pour préparer ses tours de France !)


Programme de la semaine ? Du vélo et encore du vélo ! ... reconnaissance des cols du Glandon (dur !), de la Croix de Fer, du Lautaret, du Télégraphe, du Galibier (looong !) ... et les célèbres 21 virages pour monter à l'Alpe d'Huez ! Chaleur en journée, orages l'après-midi, ... espérons que la météo sois plus clémente ce week-end (mais c'est pas prévu ...)


Et voilà, aujourd'hui vendredi enfin un jour "de repos" ... mais avec une préparation du matériel, du vélo, ... et voilà la pression qui monte ! Car ici, il y a 7000 (!) paires de mollets super affutés prêts à attaquer le parcours de folie au programme demain (toutes les ascensions précitées ... mais enchaînées !)


Réveil demain à l'aube et départ à 7h ...

Arrivée prévue ... une grosse dizaine (douzaine ?) d'heures plus tard ... si tout va bien.


Polo

V/XII