vendredi 20 août 2010

Et de IX ... mais il s'en est fallu de peu !



L'Embrunman


3.8 km de natation dans le lac de Serre-Ponçon


188 km à vélo (annoncés – un peu exagérément mais quand même – avec 5000m de dénivelé +) dont l’ascension du mythique Col de l’Izoard.


42.195 km de course à pied sur un parcours … tout sauf plat.


Chaud cet « Embrunman » ! Cette fois-ci, il s’en est fallu de très peu pour que tout s’écroule et que je doive abandonner mes espoirs de boucler ce « défi des XII » …


Une triple crevaison successive à moins de 25km d’arrivée du parcours vélo a longtemps semblé irréparable. Pincette, problème de jante, de fond de pneu ? Je ne le saurai sans doute jamais, mais après le remplacement de ma 3ème (et dernière !) chambre à air en l’espace … d’un bon kilomètre, je pensais que ma belle année 2010 allait se terminer sur une petite route de montagne surplombant la Durance. Sans parler de la bonne heure concédée au cours de ces multiples montages, démontages, gonflages (et dégonflagesL ) qui me rapprochait doucement des délais « couperets » m’empêchant de parcourir le marathon après le vélo …


Mais revenons quelques heures en arrière.


Debout à 3h45 ! C’est le record de l’année. Moi qui n’aime pas manger tôt, je suis servi. Spordej’, pâtes, bananes … je fais doucement le plein. Depuis l’hôtel de Chorges, il y a environ 25km à parcourir en voiture pour rejoindre le plan d’eau d’Embrun dans la nuit.


Pour cette 9ème épreuve, c’est Lucky qui m’accompagne. 6 semaines après son Ironman à Nice, et … 3 semaines avant un autre « logue distance » à Cologne, il vient se « promener » avec moi sur ce diabolique Embrunman. C’est dire le niveau du gaillard !


L’ambiance d’un parc à vélo le matin d’un Ironman est toujours assez particulière. Surtout à Embrun où le départ se donne bien avant le lever du soleil. Place aux derniers préparatifs, surtout un séchage en règle du vélo qui a subit un violent orage au cours la nuit, gonflage des pneus (hem …), préparation des sacs de transition, … il est temps d’enfiler la combi de natation et de se concentrer pour le grand départ !


Les derniers instants de ce genre d’évènement sont toujours assez émouvants. On sait que l’on s’embarque pour une fameuse aventure … mais on ne sait pas bien où elle va nous mener.


C’est parti. Contrairement aux meilleurs qui courent vers la flotte, je marche calmement vers la rive. Bonne surprise lorsque le glisse mes pieds dans le lac : l’eau n’est pas trop froide ! C’est déjà ça. Par contre, il fait bien sombre. J’ai l’impression de me trouver avec 20 autres personnes dans une même baignoire, alors que quelqu’un a éteint la lumière et qu’on n’y voit pas à 10 centimètres. Vous imaginez le tableau ? Les premières centaines de mètres sont donc assez difficiles, mais heureusement très vite ça se calme et je peux commencer véritablement à nager.
Nager, d’accord mais par où ? J’essaye de deviner la première bouée qui est (très légèrement) éclairée. Heureusement elle n’est pas trop loin et surtout, il me suffit de suivre le « banc de sardines » pour m’y conduire. La 2ème bouée est légèrement mieux éclairée et je parviens à m’y diriger tout seul. Par contre pas de trace de la bouée n°3 …


Et pour cause ! Je l’imagine là bas loin à droite (et c’est donc par là que je nage !) alors qu’elle est loin là bas … à gauche ! Il me faut un bon moment pour que je m’en rende compte et que je corrige le tir. J’en oublierais presque de nager. J’essaye alors de m’allonger sur l’eau au maximum et de ne faire quasi aucun mouvement de jambes, car elles doivent encore servir après ;-)


Finalement, malgré cette grosse erreur d’orientation du début, ça va plutôt bien et je passe un moment assez agréable dans l’eau (si, si !). Le soleil se lève doucement et les reliefs montagneux se découpent enfin autour du lac. Il fait sec (non, pas dans le lac), mais le ciel reste assez menaçant.


1h17 pour ces 3km800 de natation. Pas exceptionnel, mais finalement très honnête pour un fer à repasser de mon calibre. Je sors de l’eau pour préparer ma première transition. Bien, sûr, Lucky est déjà là, équipé, vélo en mains et piaffant d’impatience ! Il a donc bien décidé de « m’accompagner » au cours de cette loooongue journée …


Transi un peu longue, mais pourquoi se presser, et en route pour le vélo ! Première tuile mécanique : le compteur ne se met pas en route. Je m’arrête, je chipote sur le capteur, je le rapproche de la roue … rien n’y fait. C’est sans doute dû à l’orage et c’est bien embêtant. Me voilà parti pour 188km sans connaître ni ma vitesse ni ma position sur le parcours, ça c’est pas cool.


Le parcours à vélo débute très fort. A peine sorti du parc, la route s’élève et les pourcentages sont directement difficiles. Il n’est que 7h30 du mat, les jambes souffrent un peu pour se mettre dans le rythme. Mais au bout de quelques kilomètres, je commence à me sentir pas trop mal. Lucky se promène une 50aine de mètres derrière moi, il me surveille !;-)


Après cette première ascension, passage par St Apollinaire et première descente vers le lac de Serre-Ponçon. C’est magnifique, certains lacets donnent l’impression que l’on va plonger dans l’eau verdâtre ! Malheureusement, un concurrent est passé du rêve à la réalité et en ratant un virage a fait une sale chute dans les rochers ! Le SAMU est là, les médecins lui ont déjà mis une perfusion … voilà qui refroidit à l’aube d’une journée où les descentes vertigineuses se succèderont. Va falloir être prudent !


Les kilomètres s’égrènent, après la boucle autour du lac, le parcours prend la direction de Mont-Dauphin (superbe fortification Vauban !) puis de Guillestre pour rejoindre le pied de l’Izoard. Les gorges du Queyras sont magnifiques, même si un petit rayon de soleil ne serait pas superflu. Après une quinzaine de kilomètres de légère montée, les 15 dernières bornes menant au sommet méritent une concentration toute particulière. D’abord 3 ou 4 km de lacets assez pentus pour rejoindre Arvieux, puis une horrible ligne droite reliant les stations d’Arvieux, La Chalp et Brunissard, soit 2 à 3 km au pourcentage assez effrayant. Viennent alors les célèbres lacets, difficiles, certes, mais où les virages proposent chaque fois quelques mètres « plus calmes ». Je suis content de remarquer que « tout va bien ». Lucky a décidé de faire l’ascension à son rythme (comprenez qu’il est parti devant moi ;-)) mais le mien n’est pas mal non plus.


Passage par la « case déserte » et son superbe paysage lunaire … puis viennent déjà les derniers lacets pour atteindre le sommet. Malgré mon compteur récalcitrant, là je sais que nous avons déjà parcouru environ 100km. Une très bonne chose de faite.


Petit ravito rapide avant de préparer la descente. 20 kilomètres !


Et quel pied cette descente ! L’état de la route est parfait, la visibilité est impeccable … je prends un plaisir fou à enchaîner les courbes et les lignes droites, je dépasse même une bonne 10aine de voitures ! Aucune idée de ma vitesse (le compteur est mort !), mais c’est peut-être mieux ainsi ;-)


Briançon. Il est temps de revenir doucement vers Embrun. Les jambes sont toujours bonnes malgré un petit vent de face. Une première petite pluie est par contre moyennement bien accueillie. Mais elle ne dure pas.


Je sais qu’il me reste 2 difficultés majeure pour clôturer le parcours vélo : d’une part Champcella (moi je l’appelle le « Pallon » parce qu’elle y mène et que ce nom est source de jeux de mots stupides ;-)) c’est un « mur » d’environ 2km (donc pas long ;-) mais au pourcentage horrible et constant ! Puis viendra l’ascension finale de Chalvet (au 178ème kilomètre !), soit 4 kilomètres bien costauds à négocier, surtout placés si tard sur le parcours.


A ma grande surprise, le « Pallon » tant redouté est finalement très bien géré, malgré une seconde averse, bien plus mouillante que la première … je commence à faire mes calculs et je me dis que mon temps final « vélo » devrait s’approcher des 8h15/8h30. Franchement pas mal sur ce profil.


C’était sans compter sur la défaillance de mon vieux Cannondale. Savait-il qu’il effectuait un de ces derniers efforts après plus de 10 ans de bons et loyaux services ? En tous cas, alors que je n’avais pas crevé une seule fois en 2010, la poisse allait s’abattre sur ma roue avant …


Une heure de perdue. (Malgré une super solidarité de tous les triathlètes qui sont passés à côté de moi au cours de ce pénible moment …) Adieu veau, vache, cochon, couvée … car si un miracle garde enfin mon pneu gonflé jusqu’à la transition, je me retrouve bien sûr loin derrière maintenant. Je me dépêche dans Chalvet pour éviter d’être hors délais. J’arrive finalement 35 minutes seulement avant l’heure de mise hors course …


Et il me reste 42 bornes à courir.


Malgré la déception, je me mets donc en route. Les jambes ne tournent pas vite, mais elles tournent. Lucky m’attend chaque fois au ravito pour repartir avec moi … avant de m’attendre au ravito suivant ! ! Il me faut un peu plus de 2h20 pour parcourir les 20 premiers kilomètres … c’est le moment choisi par le ciel pour se déchirer en un orage apocalyptique ! Une pluie très abondante, très froide, et qui agresse ce corps en plein effort depuis plus de 12 heures … c’est vraiment la dernière chose que je souhaitais !


La 2ème moitié du Marathon est donc assez pénible … mais bien sûr pas suffisamment pour mettre ma motivation en péril. Le soleil se couche (il en a de la chance, lui) et comme pour le départ natation, la fin du parcours se fait dans l’obscurité ….


16h30. Ce n’est pas terrible mais je devrai m’en contenter. L’essentiel est de recevoir le T-shirt « Finisher » qui signifie que le défi court toujours !


En franchissant la ligne d’arrivée, je sais que seulement 11 jours me séparent de l’épreuve sans doute la plus dure …


Cette fois-ci, ça passe ou ça casse !
Polo
IX/XII

4 commentaires:

  1. Un vrai régal tes récits.
    Bravo pour ta perf.

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  2. Serre-ponçon c'est vraiment classe ! J'y ai passé 15j il y a 4 ans, un vrai bonheur, le lac et la région est vraiment superbe...

    En tout cas encore bravo pour cette épreuve supplémentaire !!

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  3. A te lire, c'est comme si on y était ! Une fois de plus, bravo ! Bon repos avant, pour moi, la plus belle épreuve !
    F

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  4. Heureusement que tu écris que c'est difficile car on commencerait à douter. Cela semble si simple, après tous les efforts des épreuves précédentes, tu pars faire un embrunman en 16h30 et tu te plains en disant que ce temps n'est pas terrible. J'en connais au moins un (moi) qui n'est pas capable de faire ne fut-ce que ces 188km à vélo là en 16h30 :-)

    You are a champion my friend ! Go for the next one, you can do it.

    Que la Force soit avec toi !

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