mardi 26 octobre 2010

Les meilleures choses ont une fin ...



Avec un peu de recul, l’idée de terminer cette belle aventure par une course « à la maison » était vraiment une excellente idée ! Ras le bol de ces voyages, de ces déplacements crevants et de toute la fatigante mais inévitable organisation logistique (la partie immergée de l’Iceberg !), quel bonheur simple que de dormir dans son propre lit la veille de la course et de ne faire que quelques kilomètres pour rallier le départ de cette 12ème et dernière épreuve … sans même encore parler de la fête à l’arrivée !


Il fait magnifique ce dimanche 10 octobre 2010, et ça c’est totalement inespéré pour cette période de l’année dans notre beau pays. Et s’il fait frais à 8h du mat’, la température va monter

jusqu’à plus de 20° au cours de la journée !


Lumière !

Je suis incroyablement détendu au départ. Je me surprends à discuter encore de tout et de rien quelques minutes à peine avant le coup de pistolet. Moi qui suis plutôt du genre très concentré dans ce genre de circonstances. (Ma vision des choses, confortée par cette belle année sportive, est d’ailleurs la suivante : le don ou les qualités innées pour ce genre d’épreuves peuvent sérieusement être compensés par un entraînement sérieux – et copieux, il est vrai -, une organisation sans faille et surtout une bonne gestion des efforts !)


Etre décontracté, c’est bien, mais je n’ai aucune idée de mon réel potentiel du jour. L’enchaînement de toutes ces épreuves m’a plutôt obligé à beaucoup récupérer pendant les intervalles … avec hélas bien peu d’entraînements spécifiques de course à pieds depuis bien longtemps ! … Pour une fois, je parviens à me convaincre avec un très vague « on verra bien !» … ça sent vraiment les vacances ! ;-)

C’est parti.

A peine 2500 participants au départ de ce Marathon, ce qui signifie qu’après à peine quelques centaines de mètres la voie est suffisamment dégagée pour laisser une pleine liberté à la foulée… pour autant, bien sûr, que cette foulée soit disponible en magasin ! Le calcul est simple : pour boucler les 42.195 km en 3h30, il suffit d’enchaîner tous les kilomètres en dessous de 5’. En gardant à l’esprit que c’est plutôt à la fin du parcours que cela se gâte.

Rappelons nous quand même (et c’est encore clairement écrit sur le site des « XII travaux » !) que l’objectif initial était de faire de ce marathon une sortie de « tour d’honneur » sans la moindre prétention chronométrique. Mais bon, l’appétit venant en mangeant, j’ai quand même envie de jouer le jeu et de voir ce qu’il reste dans le réservoir après 8 mois d’efforts. Les 3h21 réalisés à Barcelone le 7 mars sont déjà un lointain souvenir …

Les premiers kilomètres sont courus « dans les temps », mais bon, tous les coureurs de Marathon vous le diront, ces kilomètres-là sont TOUJOURS dans les temps …! Les chronos, borne par borne, tournent aux alentours de 4’45 -4’50. La vitesse me satisfait, mais par contre la fréquence cardiaque s’affiche déjà aux alentours de 150/155, soit 10-15 pulses de plus qu’à Barcelone en début de parcours … L’explication est extrêmement simple : Mon organisme me prévient gentiment ( ?) qu’il est fatigué – et c’est un euphémisme - de la succession d’efforts que je lui ai imposé cette année. Pas très encourageant pour la suite de la course ...

Km 18. Ca va encore un peu se compliquer.

Au carrefour du Boulevard du Souverain et de l’avenue de Tervuren, après quelques encouragements familiaux très appréciés (ma mère vient vérifier que je terminerai bien cette aventure en vie, tandis ma nièce Tatiana essaye désespérément de me suivre en courant sur 50 mètres – je rigole, Tati ! -) … ça commence à sérieusement grimper. Bien sûr rien à voir avec le parcours de l’UTMB, ni même celui du Marathon de l’Embrunman … mais les circonstances sont bien différentes.

Au « sommet », passage à mi parcours. Le « semi » a été couru en 1h44. Calcul instantané, il suffirait de faire « x 2 » pour atteindre la Grand Place en moins de 3h30. Mais je sais déjà très bien à ce moment-là que ce ne sera pas le cas. Je n’ai participé qu’à 2 Marathons dans ma vie et j’ai toujours échappé au « coup de massue » du 32ème ou 35ème kilomètre, mais je sais (je « sens ») très bien que si je continue sur le même rythme je n’y couperai pas cette-fois-ci.

Je ralentis donc prudemment. 5’ au km, puis 5’10 … même 5’20.

Bon à partir de maintenant je ne regarde plus ce p… de chrono. On va essayer de terminer en bon état sans perdre trop de temps. Le « turning point » est situé au fin fond du parc de Tervuren, c’est in-ter-mi--nable. Mais à partir de là, c’est … tout droit ! Malheureusement il reste une bonne douzaine de bornes.

Voyons les choses du bon côté : il fait magnifique, dans une bonne heure le grand défi sera réussi et je fêterai « la quille » sur la plus belle place du monde … 60 minutes ! Une paille à côté des 142 heures nécessaires pour les 11 épreuves précédentes. (Et je ne parle bien sûr même pas des autres centaines d’heure d’entraînement nécessaires).

Je n’avance plus vraiment mais tout va bien :-) … la deuxième « ascension » de l’avenue de

Tervuren n’arrange rien …

Voilà les arcades du Cinquantenaire, et là, un petit miracle : 2 gardes du corps m’attendent pour m’aider à clôturer cette belle aventure. Ce sont bien sûr les Merzou Gars, James et Paul. Ils ont couru sur le parcours des 21 et m’ont attendu (euh, un bon moment, vue ma vitesse ;-)) pour m’accompagner jusqu’à l’arrivée. J’essuie très discrètement les petites gouttes qui entourent mes yeux, ce n’est pas le moment ! On a passé un paquet d’heures ensemble cette année, et on en a partagé des moments forts … je suis vraiment très heureux qu’ils soient à mes côtés pour ce moment symbolique.

La descente vers l’arrivée, on y est presque … l’émotion commence à étrangler ma respiration et à embuer ma vision.

J’essaye de profiter de ce moment important, et les « flashs » se succèdent : … je revis quelques foulées en longeant la Sagrada Familia, comment oublier cet improbable face à face, en pleine nuit, au sommet d’une dune du Sahara, ce très douloureux début de crampe sur une échelle métallique à Bouillon, le lever de soleil attendu après une interminable nuit à Steenwerck, je revois bien sûr mon « combat héroïque » avec une méduse au large de Marseille, je me rappelle des sensations exceptionnelles ressenties au passage au sommet du Galibier, puis moins de 12 heures plus tard, la montée vers l’Alpe d’Huez avec des cuisses en béton armé … sans oublier les pérégrinations d’un morceau de pizza lors de la 3ème ascension successive du Mont Ventoux, l’angoisse de l’échec face à ce pneu récalcitrant lors de l’Embrunman, le froid extrême au passage du grand Col Ferret, la défaillance de mon estomac à plus de 4600m d’altitude…

Nous pénétrons sur la Grand Place, elle est magnifique. A quelques mètres de la ligne d’arrivée, une grande banderole fabriquée à mon attention par mon frère et mes neveux … là, c’est sûr, plus moyen de retenir les émotions.

3h44. Pas terrible mais pas grave.

Quelques minutes plus tard, c’est la fête ! Famille et amis sont venus en force … l’endroit est exceptionnel pour cette célébration. Et au cours de l’heure et demie qui suit, ce sont plus de 20 bouteilles de Champagne seront sacrifiées pour arroser l’évènement … fameuse « réhydratation », la récup’ idéale ! ;-)

Pas facile de décrire par des mots les sentiments éprouvés … que d’images, que d’émotions. Et quel bonheur de pouvoir partager ce moment. Les Emails et les SMS pleuvent, certains viennent de très loin … je ne parviens pas encore totalement à réaliser que cette histoire s’est achevée.

Mais est-ce vraiment le cas ?

Et de douze …
Polo XII/XII

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