mardi 10 août 2010

Mini Trip(le) au Mont Ventoux


N'est pas fou celui qui gravit le Ventoux ... est fou celui qui y revient !

C’était un des casse-tête de mon programme : quand allais-je parvenir à « caser » le mini trip(le) au Mont Ventoux ? J’ai finalement dû opter pour un aller-retour express, avec départ de Bruxelles le mardi 3 août … et retour déjà le jeudi matin !


Séjour bref, donc, mais bien chargé ! Rappelons les conditions à remplir pour prétendre au statut de « cinglé du mont Ventoux » : Gravir à vélo, le même jour (entre le lever et le coucher du soleil), les 3 routes d’accès à son sommet, à savoir au départ de Bédoin, de Malaucène et de Sault. Simple, non ?


Avignon, mercredi 4 août, 5h30 du mat’. Je m’extirpe avec moult difficultés des bras de Morphée. Il faut dire que la nuit que je viens de passer n’a pas été des plus reposantes : Le Mistral a en effet secoué tous les arbres des alentours dans un potin de tous les diables, peu propice à un sommeil réparateur.


Petite impression de « déjà vu » avec un Nième petit déjeuner du condamné (je commence à avoir l’habitude, finalement je suis une sorte de condamné en sursis permanent cette année…), les céréales et le Spordej sont avalés sans grand enthousiasme. Mais je connais trop l’importance de ce repas pour le négliger …


40 km (les seuls que je ferai en voiture !) séparent Avignon de Bédoin, au pied du mont Ventoux … et pas besoin de GPS pour s’orienter depuis la cité des Papes, le profil du géant de Provence est visible de très loin … Brrr, il a l’air encore plus haut que d’habitude aujourd’hui. Par contre, le vent à l’air de s’être un calmé, bonne nouvelle … eeuh, en tous cas dans la plaine, parce qu’en haut, on en reparlera. (Ventoux signifie malheureusement venteux en provençal)


Assemblage du bon vieux Cannondale. Remplissage des bidons et des poches. (Miam ! des barres énergétiques, que du plaisir en perspective L …) Il ne me reste qu’une démarche administrative à accomplir, à savoir le pointage de ma feuille de route, et c’est parti ! Il est 8h00 lorsque j’aborde, sur mon fidèle destrier, la borne annonçant « sommet du Mont Ventoux à 22km » …


L’accès par Bédoin est généralement considéré comme « le plus difficile », et c’est d’ailleurs pour cela que j’ai décidé d’entamer la trilogie par cette face-là. Mais cette première ascension sera de loin la plus facile du jour. Bien sûr je la fais « à l’économie », et j’essaye de ne pas suivre quelques cyclos plus rapides que je pourrais très vraisemblablement suivre … je m’efforce de garder les pulses à 140-145 au tout grand maximum, et je mouline ! Les kilomètres à plus de 9% se succèdent, mais ils sont avalés sans trop de difficultés.


Au passage au Chalet Reynard, à environ 6 km du sommet, lé décor devient lunaire. C’est le début de la magie du Ventoux, mais malheureusement la disparition de la végétation redonne son plein pouvoir au vent ! Et ce foutu Mistral est malheureusement bien là … Quelques une de ses rafales tentent bien de me déstabiliser et le rythme d’ascension en est un peu ralenti, mais les jambes sont encore en pleine forme pour résister ! La gigantesque station météo du sommet est alors atteinte sans grosse difficulté.


Et de une !

Malgré un grand soleil, il ne fait pas encore bien chaud là haut, avec tout ce vent. C’est vrai qu’il n’est pas encore 10h. Je m’abrite alors pour un peu récupérer, pour manger, boire, et préparer la descente. Ce petit break est bien agréable et la vue est superbe.


Fini de rêvasser, direction Malaucène. La descente est très agréable et assez rapide … le compteur s’affole plusieurs fois à plus de 85km/h, avant que je décide d’être un peu plus prudent et de me méfier de l’une ou l’autre rafale qui pourrait avoir des conséquences … fâcheuses. Cela ne m’empêche pas de dépasser de nombreuses voitures et de prendre beaucoup de plaisir dans l’enchaînement des grandes courbes.


C’est la chaleur qui m’accueille dans la plaine. En effet le mercure est bien monté depuis mon départ de Bédoin. Ici, peu ou pas de vent et le soleil tape ! Il faut donc ne pas trop traîner si je ne veux pas fondre ! Remplissage de bidons, petite barre énergétique, tamponnage du road-book … et il est temps de songer à l’épisode 2.


Il est un peu plus de 11h lorsque je réenfourche « Bronco » pour quitter Malaucène (Alors complètement engorgé par la circulation en ce jour de marché). Trouver le bon rythme d’ascension est un peu plus difficile que 3 heures plus tôt, mais c’est normal, j’imagine. Et contrairement au profil de l’accès pas Bédoin, qui est régulier et progressif, cette montée est plus irrégulière alternant dès le début des pourcentages très forts et des zones plus faciles. C’est un peu plus cassant … mais je parviens à tenir le cap sans trop de problème.


Ce versant me semble par contre bien plus à l’abri du vent, ce qui est une bonne nouvelle … sauf que cela rend la sensation de chaleur plus éprouvante. (Jamais content, je sais)


Pour cette 2ème ascension, j’ai décidé d’illustrer l’effort et son magnifique décor par un petit fond musical. Comprenez par là que j’ai branché mon Ipod pour « penser à autre chose » qu’à la souffrance de mes guiboles ! En choisissant le mode de lecture « aléatoire » (parmi 1200 morceaux), je ne me doutais pas du sens de l’à propos (de l’humour ?) de cette petite machine …
Jugez plutôt de la play list ! Au cours de la partie finale de cette 2ème montée, le hasard ( ?) me propose d’affilée : Bicycle race de Queen, Stairway to Heaven de Led Zep et Solsbury Hill de Peter Gabriel… Vues les circonstances, avouez que ça ne s’invente pas ! Mais c’était sans compter sur le « walking on the moon » une fois arrivé sur la partie « lunaire » de la montagne (à peine croyable, je l’avoue) … pour franchir la ligne d’arrivée du sommet pour la 2ème fois de la journée en écoutant un très symbolique « High hopes" de Pink Floyd ! (Plus « private joke », je l’admets)


Pour résumer, la fin de cette 2ème ascension a été un rien plus difficile que la 1ère, mais la douleur ( !?) a été très supportable. La fréquence cardiaque n’a jamais dépassé les 155 et les jambes ont plutôt très bien tenu le coup. J’avoue même me sentir un peu euphorique …


Et de 2, donc !


Il est un peu plus de 13h et il y a un monde fou là haut à cette heure-là… pas facile de trouver un petit coin pour déposer mon vélo et m’asseoir à l’abri du vent. Je parviens néanmoins à m’installer face au soleil et je savoure le moment. Je mange, je bois, j’envoie l’un ou l’autre sms … J’ai d’ailleurs un peu l’impression d’avoir déjà rempli ma mission du jour (la montée par Sault est tellement plus facile m’a-t-on dit …) mais bien sûr la suite me donnera sérieusement tort !


La descente vers Sault est très différente. D’abord 6km dans le vent jusqu’au Chalet Reynard (les mêmes 6 km de la route de Bédoin), puis à gauche pour 20 autres longs kilomètres. Longs parce que le revêtement de la route est moins bon, longs parce que la pente est moins prononcée et que donc la vitesse est réduite, longs surtout parce qu’il est temps d’en finir avec ce 8ème travail ! ;-)


Le village de Sault est beaucoup plus petit et plus calme que les 2 autres. J’arrête mon engin à l’ombre de quelques arbres qui bordent la place principale, je me ravitaille en liquide au petit magasin du coin et je vais faire « tamponner » mon road book à l’office du tourisme.


J’ai faim. Il me reste bien sûr plusieurs succulentes ( !?) barres énergétiques dans la poche arrière … mais l’envie de « salé » est très présente. Une petite échoppe sur la place vend des crêpes … et des quarts de pizzas ! Je n’hésite pas longtemps avant d’acheter et de dévorer 2 quarts de pizzas Margherita... ca fait un bien fou !


Je sais que pour courir, ce genre d’écart alimentaire serait une grosse erreur, mais je me dis que pour rouler, cela ne posera pas de problème. Je suis d’ailleurs sûr d’avoir fait le bon choix en me remettant en selle, et je ne changerai pas d’avis avant … 15km. Départ de Sault. Il me reste donc 26km pour achever mon travail n°8.


Pour bien comprendre les données du problème, précisons que les 2 premières ascensions correspondaient chaque fois à un dénivelé positif de +/- 1600m sur 21 (Bédoin) et 22km (Malaucène), cette troisième route n’accuse que 1200m de D+… sur 26km. Moins de dénivelé sur un trajet plus long : c’est clair, le pourcentage moyen est plus faible et cela devrait être donc beaucoup plus facile !


Cette belle théorie va vite s’avérer fausse. Car c’était bien sûr sans compter sur mes pauvres jambes qui commencent doucement (mais surement) à se rebeller en manifestant quelques signes de fatigues. En effet, les pentes à 5% sont perçues comme faisant du 7. Ca ça va encore. Mais bien sûr les morceaux à 7 ou 8% sont perçus comme faisant du 9 ou du 10. Et ça, ça va nettement moins.


Les kilomètres s’égrènent donc un peu plus difficilement que prévu, la beauté des champs de lavande ne parvenant pas à compenser la douleur lancinante qui commence à s’installer. Bah ! Je me dis que cela aurait été trop facile si je n’avais pas éprouvé quelques difficultés !


C’était oublier le passager clandestin embarqué à Sault ! En effet, c’est ici que l’on reparle de la copine Margherita (oui, la pizza !). Elle semble ne pas avoir envie de m’accompagner jusqu’au sommet et manifeste quelques signes désagréables pour quitter mon estomac prématurément … L’excellente idée du « goût salé » se transforme doucement en cauchemar. Après quelques hésitations (que je ne vous décrirai pas ;-) Margherita décide de couper la poire en deux, à savoir ne plus être tout à fait dans l’estomac … mais ne pas remonter jusqu’à faire « le grand retour! ».


C’est donc dans ces conditions assez difficiles (et sans mettre le pied à terre) que j’arrive à nouveau au chalet Reynard pour les 6 derniers kilomètres. Le dernier accès au sommet ne va pas être une partie de plaisir. Le vent souffle plus fort que ce matin, la pente est perçue comme beaucoup plus raide, les jambes trinquent … seul le cœur reste imperturbable est c’est déjà ça de pris !


Mais ce n’est pas cette demi-heure de souffrance assez intense qui va diluer le plaisir de cette journée ! Je déconnecte les fils « douleur physique » … et j’arrive enfin au sommet !


Et de trois ! Contrat rempli, me voilà officiellement « cinglé du Ventoux » et je suis assez fier de mon nouveau titre.


Ce troisième arrêt au sommet est bien sûr un plus long. Je savoure le moment et je fini par digérer la pizza ! Il ne me reste plus qu’à basculer une dernière fois dans la pente pour rejoindre Bédoin … Il ne faut traîner pour rentrer à Bruxelles, récupérer un peu et préparer l’enchaînement de fou qui m’attend dans quelques jours.


Mais ça ce sera une autre histoire !

Polo VIII/XII

4 commentaires:

  1. Quelle maitrise de la pizza. Bravo !

    RépondreSupprimer
  2. barjo... completement barjo !

    RépondreSupprimer
  3. Cinglé va !
    tu mérites bien ton titre, pas besoin de mettre "du ventoux" derrière.

    Btw : enfin une vitesse correcte en descente ...je suis fier de toi :-)


    Plus que 4, tu peux commencer à compter à l'envers - courage.
    Que la force soit avec toi !

    RépondreSupprimer
  4. 85 km/h ?! Ca doit fouttre les boules. Quand je dépasse les 50 Km/h sur mon vélo ca commence déjà à secouer, à 85 je n'ose même pas imaginer

    RépondreSupprimer